L'HISTOIRE DE LA CHAPELLE
 
Vous êtes nombreux, lorsque vous venez au théâtre Notre-Dame, à nous demander des précisions sur ce lieu historique étonnant.
Vous trouverez ici quelques informations historiques à son sujet. 
(source : étude archéologique partielle des élévations, François Guyonnet, Service d'archéologie du département de Vaucluse, octobre 2006, ainsi que quelques recherches personnelles effectuées sur internet). 
Messe de Notre-Dame, Guillaume de Machault, XIVe siècle 
 
 
  La chapelle du Collège d'Annecy est une église des moniales du XIVe siècle, construite pour les Bénédictines de Notre-Dame des Fours.
La datation de l'édifice est facilitée par des textes mentionnant les acquisitions foncières et par la connaissance du lien privilégié unissant Anglic Grimoard aux Bénédictines des Fours.  
On peut penser que l'église a été édifiée aux alentours de 1370.
 
 
Le couvent des Bénédictines a été fondé en 1239 par Mabille d'Albaron, au hameau de Fours, sur la commune de Sauveterre.

Tout au long du XIIIe siècle et dans la première moitié du XIVe siècle, les Bénédictines entretiennent des relations privilégiées avec Avignon.
Il est probable que le recrutement des moniales puise dans les familles importantes de la ville et c'est peut-être la raison pour laquelle de nombreux avignonnais font des dons aux religieuses.
Après 1350, les temps deviennent incertains pour des couvents installés en campagne : les trêves de la guerre franco-anglaise libère des compagnies de soldats (les routiers) se livrant au pillage et à diverses exactions. De nombreuses communautés préfèrent alors se rapprocher des centres-villes.
Les Bénédictines de Fours choisissent le repli sur le centre d'Avignon. Leur départ a lieu entre 1363 et 1366, puisque dès 1367 elles sont installées dans la rue de la Vieille Blanquerie (actuellement rue du Collège d'Annecy). Le transfert du couvent a dû être préparé puisqu'un généreux donateur, Jean d'Aurons,lègue deux maisons aux religieuses en 1363, en prévision de ce repli en ville. A partir de ce pied-à-terre, les religieuses vont progressivement agrandir leur foncier sur le côté sud de la rue.

En savoir plus sur Sauveterre et l'histoire des Bénédictines :
http://www.nemausus.com/gard/tourisme/Gard_les-communes_du_departement/SAUVETERRE_gard.htm
   

essai de reconstitution de l'église conventuelle du XIVe siècle (dessin F.Guyonnet, SADV, 2006) 

essai de reconstitution de l'église conventuelle du XIVe siècle, plan de coupe (dessin F.Guyonnet, SADV, 2006)

essai de reconstitution de l'église conventuelle du XIVe siècle, vue de dessus. Ce dessin montre le couvent (l'actuel théâtre Notre-Dame)  -on reconnaît la forme du choeur de l'église en haut du dessin- , mais aussi tout l'ensemble des bâtiments qui deviendront plus tard le collège d'Annecy.
(dessin F.Guyonnet, SADV, 2006)
  

Le Pape Urbain V et son gisant
Armes de Anglic de Grimoard
qui figurent au plafond de la chapelle
par laquelle vous entrez dans le théâtre.
Leur présence ne laisse que peu de doutes 
sur la provenance des fonds qui ont permis la
construction de l'église. 
  
Cependant, les ressources du couvent se révèlent vite insuffisantes et les religieuses trouvent un protecteur de haut rang en la personne de Anglic de Grimoard, frère d'Urbain V, évêque d'Avignon entre 1362 et 1366, puis cardinal.
Le financement de la construction du couvent a certainement bénéficié des dons d'Anglic de Grimoard et probablement de la curie pontificale alors dirigée par son frère.
Les religieuses des Fours bénéficient également des faveurs d'autres personnages influents : en 1383, Sibylle d'Espaly, veuve d'un huissier d'Urbain V, offre des meubles et objets au couvent.
Un an plus tard, des dons sont faits par le cardinal Guillaume de Chanac.
En savoir davantage sur Anglic de Grimoard : http://fr.wikipedia.org/wiki/Anglic_de_Grimoard
En savoir plus sur Urbain V : http://fr.wikipedia.org/wiki/Urbain_V
 
Cardinal de Brogny Le Pape Martin V
Ce couvent des Bénédictines de Fours ne semble cependant pas avoir eu un rayonnement très important après la disparition de son influent bienfaiteur. La fin du XIVe siècle, marquée par le grand schisme et le début du XVe siècle, qui voit le départ de la cour pontificale avec ses conséquences économiques et démographiques, marque une période qui n'a guère favorisé la persistance des petits établissements religieux : en 1428, seules quatre moniales vivent dans le couvent et il n'y a plus d'abesse à leur tête. Une telle disproportion entre l'importance des bâtiments et leur taux d'occupation suscite la convoitise de certains. A cette date, conformément au souhait du cardinal de Brogny, ses exécuteurs testamentaires cherchent un lieu pour établir un collège de vingt-quatre étudiants savoyards.
La situation précaire des Bénédictines va précipiter leur départ et la suppression du couvent est obtenue par le Pape Martin V le 23 janvier 1428. Les quatre religieuses sont alors transférées dans l'autre couvent de Bénédictines (de Saint-Véran) et Notre-Dame de Fours devient le Collège Saint-Nicolas d'Annecy.

 
 
La création d'un collège par Jean Allarmet, le cardinal savoyard de Brogny s'inscrit dans un mouvement amorcé à la fin du XIVe siècle et qui va prendre toute son ampleur au XVe siècle. Les collèges sont des lieux destinés à accueillir des étudiants de l'université.
Lieux de vie, d'étude et de spiritualité, les collèges encadrent les étudiants pendant toute la durée de leur cursus.
A l'origine, le collège d'Annecy, bientôt appelé le Grand Collège, géré par un recteur, accueillait 24 étudiants, puis 36 à partir de 1481, spécialisés en droit canon et civil. L'origine des collégiens était strictement règlementée : ils devaient être de condition défavorisée. Un tiers devait être originaire du diocèse de Genève, un tiers de Savoie et un derniers tiers des provinces d'Arles et de Vienne.
On constate que les Ducs de Savoie étaient très attachés à ce collège car des dérogations à la règle quant à l'origine des collégiens ont entraîné de très vives protestations de leur part. La durée du séjour pouvait être longue : 12 ans à l'origine, puis 10 ans maximum.

 
 
La bibliothèque du collège renfermait une grande série demanuscrits légués par le cardinal de Brogny ; des transformations effectuées sur l'ancien couvent ont été nécessaires pour l'adapter à cette nouvelle fonction. L'église, devenue chapelle, s'est vue adjoindre certaines pièces complémentaires et des aménagements destinés à faciliter les communications entre l'église et les bâtiments ont été réalisés, comme par exemple la cage d'escalier à vis réalisé au XVe siècle.
 
   

A partir de 1639, le collège est confié à la Congrégation de la Propagande par le Pape Urbain VIII. Le nouveau règlement transforme les étudiants en séminaristes "astreints à de fréquents exercices religieux et à l'étude de la philosophie et de la théologie". A partir de 1644, ce sont les Pères de la Mission de Saint-Vincent de Paul qui régissent Saint-Nicolas d'Annecy ainsi que le collège du Roure (fondé quant à la fin du XVe siècle).
Cette union des deux principaux collèges avignonnais sera définitive en 1705

Le Pape Urbain VIII  
   
 
En 1705, l'architecture de l'ancien couvent des Bénédictines est en voie de transformation radicale : l'architecte Pierre Mignard entreprend des travaux d'embellissement et d'extension (galerie classique sur cour), qui seront poursuivis par Joseph-Abel Mottard vers 1740 (la voûte en berceau avec lunettes visible dans l'actuelle salle rouge).
 
 

 
 
A la Révolution, le collège est supprimé et les bâtiments sont vendus comme biens nationaux.
L'église accueillera à la fin du XIXe siècle le premier siège de l'entreprise Berton et Sicard promise à un grand avenir dans la vente des matériaux pour le bâtiment.
 

Le massacre de la Glacière à Avignon, durant la révolution. 
En savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_la_Glaci%C3%A8re
 
Jourdan Coupe-Tête
 
Le Pape Pie VI
   

La majeure partie des bâtiments fut donnée à la Fondation Calvet en 1900.

 
 



Plus près de nous, la rue de la République lors des inondations de 1935.
On distingue l'enseigne du Monoprix, toujours présent (Monoprix a été fondé dans les années 1930) ;
la rue du Collège d'Annecy est juste à droite après l'enseigne.
   
   








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